Session #6
Corps et âmes
[17/09/2023]

À 5 jours d’une nouvelle représentation de LEER, c’est une fois de plus dans la salle des fêtes de Digital Village que je retrouve Danilo pour y suivre une de ses répétitions. Si les mouvements de bras, avec ou sans punching bag, étaient au menu du jour, ce sont bien le bas du corps et les figures au sol qui étaient au cœur de cette session.

LEER les mots du Dragon est un numéro d’équilibriste pour Danilo, car il évolue constamment entre des éléments de sa création et d’autres appartenant à Bruce Lee ou lui rendant hommage. Dans cette œuvre théâtrale, ce sont à la fois Danilo Sekic et Bruce Lee qui s’expriment et cette idée, l’artiste a voulu l’infuser dans sa chorégraphie.

« Je crois que j’ai abordé LEER de manière totalement décomplexée, je suis vraiment parti de mon propre corps et de ce qu’il savait faire. Bruce Lee vient du Wing Chun. Le Wing Chun c’est quand même une branche du kung-fu qui est hyper basée sur les techniques de bras. Les influences c’est forcément toutes les disciplines sportives que j’ai faites. Le défi, la première étape de LEER, a été d’exprimer tout ça. L’art maintenant il me dit : “Danilo, il faut que tu ramènes ça à Bruce Lee. c’est-à-dire qu’il faut que tu développes ton vocabulaire, mais il faut qu’il se dirige vers Bruce Lee”.

Le vocabulaire de Bruce Lee c’est une constante et une quête parce qu’effectivement, je dois dompter mon propre vocabulaire et l’amener sur celui de Bruce Lee. Alors, la chance que j’ai c’est que le karaté est aussi un art martial éminemment basé sur la technique de bras et la technique de bras très vite on la confond peut-être avec celle du Wing Chun. En tout cas, pour moi ça a été une vraie ressemblance, je sais que je peux me mouvoir dedans et me rapprocher un peu de la technique de bras de Bruce Lee en tout cas, vraiment m’y intéresser. C’est pour ça que je fais cette chorégraphie de bras qui n’est pas du tout dans le marbre, parce qu’elle est encore trop électron libre. Je dois la resserrer, je dois l’envelopper du sceau de monsieur Lee et aussi du défi premier de LEER c’est à dire, allier la danse et le mouvement. »

Les jours qui précèdent une représentation de LEER sont très denses et intenses pour Danilo. D’abord, il y a les entraînements et répétitions où il doit faire en sorte de caler la chorégraphie et le texte tout en y apposant son jeu d’acteur, et où il doit également s’occuper de la scénographie de son spectacle. Ensuite, si son corps est amplement sollicité, l’effervescence et l’anticipation de sa performance scénique s’accompagnent d’une charge émotionnelle et mentale bien singulière. À ce sujet, il me confia une anecdote qui témoigne, si LEER n’en était pas déjà la preuve, du lien spirituel qui s’est tissé entre Bruce Lee et lui au fil des années.


« Des fois,… ça m’arrive une fois par session d’entraînement quand je vais travailler dans un théâtre différent, je ne sais pas comment dire ça, mais… je fais une rencontre avec Bruce Lee. Je ne sais pas comment l’expliquer, il y’a un moment… et c’est souvent la veille de jouer ou quand l’échéance approche, c’est un peu comme si Bruce venait taper à la porte. Quand je fais mes réglages, mes tests, et que je me retrouve tout seul dans la salle, notamment quand je révise ce poème avec la musique, je me mets à pleurer, à pleurer parce que je me sens bien, je me sens libre. J’ai la pression de faire ce truc et en même temps je suis super fier. Il y’a tous ces trucs-là et c’est un petit peu comme si Bruce Lee circulait sur une sorte d’étoile au-dessus de la planète, et qu’il y a un moment, hop, je suis sous lui. C’est presque comme si je lui parlais un petit peu. C’est un petit peu mystique, un petit peu métaphysique et je ne le comprends pas moi-même, mais ça m’arrive, ça me tombe dessus. »

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