Session #7
LEER à nouveau
[22/09/2023]

Vendredi 22 septembre2023, 18h45, je débarque à Digital village et me dirige vers le sous-sol où Danilo s’occupe des derniers préparatifs pour son spectacle. Ce que je remarque d’emblée, en entrant pour la énième fois dans cette salle, c’est que la scénographie a changé. À en juger par les nouveaux éléments de décors et leur disposition, nous allons avoir droit à une version de LEER sensiblement différente de celle jouée en mai 2022. M’imprégnant de l’espace, j’en profite pour prendre des clichés. Dans une heure et quart, Danilo sera sur scène. Je suis impatient de voir cette nouvelle itération de sa pièce.

Quelque part, j’envie les futurs spectateurs. Je les envie, car pour beaucoup, tout comme moi un an auparavant, ils s’apprêtent à découvrir une œuvre singulière et Danilo en tant qu’artiste à travers LEER les mots du Dragon. Dans le même temps, je me sens privilégié. Privilégié, car durant six mois, j’ai été témoin de l’évolution de cette œuvre théâtrale, je me suis glissé dans ses coulisses et par la même occasion, dans celles de la vie de Danilo Sekic. 

J’ai déclaré en préambule de cet essai photo-littéraire, mon admiration pour LEER lorsque je l’ai vu pour la première fois. À l’époque, ce sentiment découlait grandement de l’interprétation et de la performance physique de Danilo, de sa réussite à faire coexister diverses disciplines, avec un certain degré de maîtrise dans un même spectacle. Ayant moi-même pratiqué, plus modestement, certaines disciplines incorporées par l’artiste dans son spectacle (théâtre, danse, karaté, capoeira et d’autres arts martiaux)j’ai un certain regard sur cette œuvre. Cette perspective m’aide à entrevoir la discipline, la détermination et l’ingéniosité dont Danilo a dû faire preuve, de l’idée, aux premiers entraînements en 2018, jusqu’à cette nouvelle représentation, pour extirper une œuvre telle que LEER les mots du Dragon de son esprit et de son corps. 

À l’heure où j’écris ces lignes, juillet 2024, c’est également vers la nature de cette œuvre ainsi que le sens qu’elle a aux yeux de son créateur que mon admiration se tourne.

Bondissant d’un projet à un autre, les artistes sont des sauterelles et bien souvent, leurs créations représentent une fenêtre sur une période de leur vécu. Il est plus rare qu’une œuvre d’art puisse englober plusieurs décennies de la vie de l’artiste qui la crée ainsi que celle de l’artiste qui a inspiré et guidé sa création. De l’enfant de quatre ans qui découvrait Bruce Lee et le karaté grâce à son père à l’adulte de quarante ans qui se produit sur scène, LEER est un pont qui permet à son auteur d’établir un dialogue intérieur. LEER est une œuvre transcendantale dans laquelle différentes versions de Bruce Lee et Danilo Sekic, à différents moments de leur vie, coexistent et s’expriment. C’est une carte d’identité artistique vivante de son créateur qui s’écrit sans cesse et se conjugue au passé, au présent et à l’aune d’ambitions et de capacités futures. 

En tant qu’artiste, LEER m’a inspiré et m’a invité à créer. À créer, avec ce que j’ai, sans attendre, à aller puiser en moi, à faire preuve de patience en invitant le flot du temps à se mêler au processus créatif.

Cet essai est né à une période où je nourrissais l’envie de casser la routine dans laquelle j’avais la sensation de stagner avec ma pratique de la photo de rue. Il me fallait raconter une histoire, à la fois visuellement, mais également avec des mots et j’aime à penser que cet essai m’aura permis de mettre le cap sur cette direction. Cette tentative représente une nouvelle étape dans mon cheminement artistique.

Tout ce que vous avez pu lire et voir de LEER dans le présent essai n’est que mon interprétation personnelle et donc entièrement subjective de cette œuvre. Je vous encourage à ne pas prendre mes mots et mes photos au pied du portrait que je viens de vous dresser, dès que Danilo Sekic sera à nouveau sur les planches, allez voir LEER les mots du Dragon !

En attendant ce jour, bon vent l’artiste !

Longue vie à l’Art, longue vie à LEER.

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